Il est difficile ne pas se sentir concerné, en tant qu'humain, par la tuerie de masse qui vient d'avoir lieu en Norvège, attribuée à Anders Behring Breivik, Norvégien bon teint (de souche diraient certains), et préparée depuis plusieurs années.
En quoi cette tuerie peut-elle nous interroger ?
Tout d'abord en tant que victimes potentielles. Sans être paranoïaque, il importe de considérer que tout regroupement peut être une cible pour une tuerie de masse. Si l'on prend en compte ce « paramètre », comment organiser, (ou participer à) un rassemblement, une manifestation, un carnaval ? Qui plus est Breivik portait un uniforme de policier lors de la tuerie sur l'île d'Utoya – une île, lieu difficile à évacuer en quelques minutes … et la mer est froide en Norvège. En général, un véritable tueur, un escroc, et autres hors-la-loi, s'ils veulent être « opérationnels », affichent la plus grande normalité, surtout quand leurs actes sont prémédités.
Ainsi plus de vigilance sera requise de la part des organisateurs pour contrôler l'identité des participants, mais elle semble vouée à l'échec et ne représentera qu'une contrainte supplémentaire pour les usagers, de quoi les dégoûter et les humilier (penser aux contraintes dans les aéroports). Or les rassemblements publics, mêmes festifs, sont la cible des pouvoirs autoritaires, car ils sont difficilement « contrôlables », même par les organisateurs. Ira-t-on vers la restriction des rassemblements, ou vers leur « sécurisation » ? Or chaque fois que la sécurité avance, la liberté régresse, dans nos sociétés « avancées » - on se demande en quoi.
Sur le fond de la tuerie de masse. Quelle que soit l'idéologie exprimée, sur laquelle les « spécialistes » glosent à l'infini, la tuerie de masse correspond à une pathologie plus répandue qu'il ne le paraît.
a- L'assurance d'avoir raison, même et surtout contre tous. Elle est distillée par l'ensemble des sectes, partis, voire dans les écoles de commerce et de gestion, ou par les institutions étatiques et même les médias (pour ces derniers, voir le syndrome TINA [There Is No Alternative], aussi appelé "pensée unique"). Toutes les « idéologies » en procèdent. En livrant une explication du monde, elles confortent les gens dans une vision et une grille de lecture rassurante, parce qu'elle donne du sens à l'indéfini du réel vécu, vision structurée, structurante, et par là-même déstructurée. En effet, face à un réel « informé » (et donc déformé) par une grille de lecture plus ou moins élaborée, l'on tend à se détacher du réel, à n'admettre que ce qui conforte la représentation que nous avons. Mais qu'est-ce que le réel ?
b- L'absence d'empathie avec les autres humains. « Victimes nécessaires », « sous hommes », etc, les « autres » n'ont pas qualité d'humain pour le tueur, ou d'humain comme lui.
Or cette pathologie est l'une des plus répandues. Stigmatiser les allocataires du RSA comme M . Wauquiez en est une preuve. L'autre est menace, ennemi potentiel.
c- La croyance qu'une action minoritaire puisse influer une action majoritaire. Cette vision a été théorisée par Lénine. Il est en effet plus que difficile, si l'on a des convictions, de rallier un grand nombre de citoyens conscients et de les convaincre, puis de les faire agir.
Mais ceux qui veulent influencer pour imposer leurs idées, n'ont que faire de "citoyens actifs et conscients". Il ne s'agit pas d'un « fonctionnement démocratique » dans la mesure où celui (ou ceux) qui s'estiment détenir une vérité ne cherchent pas à en débattre mais à l'imposer aux autres, quels que soient les moyens (les sectes en sont un exemple).
Alors il y aura d'autres Breivik... tant que l'on dressera les citoyens les uns contre les autres en fustigeant ceux-ci, puis ceux-là, tant que la classe politique et les médias confisqueront la parole à la population, et tant que la classe dominante poursuivra la spoliation des populations à son profit.
Mais ceux qui veulent influencer pour imposer leurs idées, n'ont que faire de "citoyens actifs et conscients". Il ne s'agit pas d'un « fonctionnement démocratique » dans la mesure où celui (ou ceux) qui s'estiment détenir une vérité ne cherchent pas à en débattre mais à l'imposer aux autres, quels que soient les moyens (les sectes en sont un exemple).
Alors il y aura d'autres Breivik... tant que l'on dressera les citoyens les uns contre les autres en fustigeant ceux-ci, puis ceux-là, tant que la classe politique et les médias confisqueront la parole à la population, et tant que la classe dominante poursuivra la spoliation des populations à son profit.